Marquer le temps : le cycle de vie des monuments funéraires protohistoriques de l’interfluve Seine-Yonne

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[PREPRINT, a paraître dans le recueil des Quatrièmes Rencontres Nord-Sud de Préhistoire récente, La Rochelle 2022]

Résumé

Appréhendés le plus souvent par leur forme architecturale, les monuments funéraires restent difficiles à saisir dans leur finalité mémorielle qui, elle, s’accomplit dans le temps. Cette contribution propose une nouvelle lecture des monuments funéraires fossoyés de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer en s’intéressant au phénomène du réinvestissement des structures par l’installation d’un nouveau fossé. La fréquence de cette pratique est estimée, sans précision définitive, d’après l’analyse statistique des gabarits des structures. Ainsi, un modèle évolutif est proposé selon lequel le monument funéraire demeure un lieu de commémoration sur un temps relativement long, sur l’échelle de quelques générations, pour subir des aménagements et interventions architecturales au fur et à mesure du processus commémoratif.

Abstract

Funerary monuments are most commonly examined from a classificatory perspective, focused on their architecture and dimensions. Such an approach, however, does not address adequately their commemorative purpose and the temporality required for the accomplishment of that purpose. This paper is presenting a new reading of ditched prehistoric funerary monuments (Bronze to Early Iron Age) of the Parisian Basin by focusing on the practice of monument reuse, namely though the construction of a secondary ditch. The frequency of this practice is estimated, albeit without much precision, on the basis of a statistical analysis of ditch diameters. Used and reused over longer, inter-generational time spans, the funerary monuments are reconsidered through a life cycle model. Built to accompany the commemorative process, the monuments would have received various architectural interventions, including the enlargement or renovation with a new circular ditch.

Introduction

À l’âge du Bronze, entre la fin du IIIe et le début du Ier millénaire av. n. è., des centaines de milliers de monuments funéraires ont parsemé les paysages européens, de la Scandinave à la Méditerranée. Dans bien des régions européennes, les nécropoles sont devenues des lieux particulièrement durables, utilisés pendant des siècles ; les monuments qu’elles abritaient, souvent sous forme de tertres ou tumulus, dominaient les paysages protohistoriques. La dimension mémorielle se présente ainsi comme fondamentale pour le fonctionnement des sociétés de l’âge du Bronze. Or, la mémoire collective et plus spécifiquement la pratique commémorative constituent une zone d’ombre de la recherche archéologique. Celle-ci reste fortement imprégnée du paradigme chrono-culturel qui cherche à caractériser les régions et les époques selon les spécificités des productions matérielles telles que la poterie, les habitations ou encore l’architecture funéraire. La recherche a ainsi tendance à se focaliser sur l’objet et ses caractéristiques formelles, en perdant parfois de vue les finalités sociales de sa production et de son utilisation. En tant que trait culturel, l’architecture funéraire est également devenue une question de typologie, de formes à répartir dans des compartiments chrono-culturels ou, de manière analogue, à rapporter aux classes sociales, signalées par l’opulence des tombes et l’envergure des monuments (Mordant 1983 ; Olivier, Wirtz 1993 ; Baray 2000). Or, une question reste obscure : à quoi servaient précisément les monuments funéraires, comment fonctionnaient-ils ?

Dans un premier temps, on est amené à envisager une construction funéraire comme une signalétique du lieu d’enterrement, ainsi que la marque de l’identité et du statut du défunt. Néanmoins, sans lui ôter sa dimension communicative, le monument funéraire ne devrait-il pas être compris comme une matérialisation de la mémoire et cela d’autant plus pour les sociétés orales ? La construction funéraire ne communique pas un récit à perpétuité, elle émet plutôt un appel à la pratique mémorielle. Cette distinction entre le récit mémoriel et la pratique commémorative semble quelque peu obscurcie dans la culture occidentale, contemporaine, saturée de monuments aux renvois mémoriels explicites. Or, même si elle est peu pratiquée, la mémoire collective reste la raison d’être des monuments et, périodiquement, leur juge ultime. Les destructions récentes des monuments érigés à la gloire des marchands d’esclaves, explorateurs coloniaux ou autocrates déchus rappellent bien que le monument est subordonné à la mémoire collective et non l’inverse. Ainsi, l’étude du phénomène de monumentalisation doit s’affranchir de la vision d’objet porteur de mémoire pour le replacer dans son contexte social, c’est-à-dire pour comprendre son apport à la pratique mémorielle.

En effet, le contenu mémoriel peut évoluer pour un même monument, ou même être entièrement remplacé. Observons l’exemple de la nécropole protohistorique de Jaulnes (Seine-et-Marne), située en Bassée, dans l’interfluve Seine-Yonne (figure 1) (Delattre, Peake 2013 ; Peake, Delattre 2010). À l’instar de bien d’autres nécropoles du Bronze final dans le Bassin parisien, elle regroupe des tombes dites plates, sans monument d’envergure, et des enclos fossoyés circulaires et quadrangulaires dont la fonction était, en principe, de marquer les enterrements particulièrement notables. Un des enclos circulaires situé au centre de la nécropole a subi plusieurs réaménagements dans un intervalle de plusieurs siècles. Au Bronze final IIIb (950 – 800 av. n. è.), l’enclos était pourvu d’un cercle de poteaux non jointifs, mais dépourvu de sépulture selon les fouilleurs. Au VIIe s. av. n. è., l’enclos a été refait avec un nouveau fossé pour accueillir une tombe de haut statut, dotée d’une épée hallstattienne. D’autres tombes ont été insérées en périphérie du monument durant le premier âge du Fer, le fossé fut comblé et une couronne des poteaux installée autour de l’ensemble.

Figure 1. Nécropole de Jaulnes « Le Bas des Hauts Champs » (adapté d’après Peake et al. 2011).

L’évolution du monument de Jaulnes peut sembler due au hasard des conjonctures sociales, notamment au moment où la structure funéraire ancienne était réinvestie pour répondre à un nouveau besoin mémoriel, possiblement par un nouveau groupe de commémorants. Or, d’autres monuments de la nécropole ont fait l’objet du même type d’intervention, à savoir l’installation d’un fossé secondaire. Qui plus est, ces nouvelles structures reprennent le même code architectural, à savoir un fossé ou un cercle de poteaux. Pourrions-nous donc songer à un enchaînement d’interventions culturellement encadrées ? Les monuments funéraires ont-ils été conçus comme des objets complets et finis, ou bien leurs bâtisseurs ont-ils prévu la possibilité d’aménagements futurs ? Ces questions seront abordées ici pour la zone d’interfluve Seine-Yonne qui dispose d’une excellente couverture archéologique, surtout dans les zones basses des vallées alluviales.

Les enclos funéraires de l’interfluve Seine-Yonne

La dynamique de recherche très soutenue dans l’interfluve Seine-Yonne, menée à partir des années 1960 presque exclusivement dans le cadre des opérations d’archéologie préventive, a livré une documentation particulièrement riche pour l’âge du Bronze (figure 2) (Mordant, Gouge 1992 ; Gouge et al. 1994 ; Peake et al. 2017). De nombreuses nécropoles, constituées dans des proportions diverses de tombes et de monuments fossoyés, ont ainsi pu être fouillées (Rottier et al. 2012). S’ajoutent des centaines, sinon des milliers de monuments funéraires fossoyés documentés par prospection aérienne dans les fonds des vallées et sur les plateaux crayeux, particulièrement propices à ce type de recherche (Mordant, Nouvel 2017).

Figure 2. Distribution des enclos funéraires de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer dans l’interfluve Seine – Yonne.

Les monuments funéraires pris en compte pour cette étude se résument pour l’essentiel à des fossés circulaires ou quadrangulaires, dont l’envergure se situe généralement entre 10 et 20 m de large. Ils entourent parfois une ou plusieurs tombes et se trouvent souvent associés à d’autres monuments ou tombes. En réalité, les vestiges funéraires sont absents de la plupart des structures, mais ce constat doit très vraisemblablement être imputé au piètre état de conservation des vestiges archéologiques, très impactés par l’agriculture mécanisée. Ceci dit, nous devrions également envisager l’existence des structures dépourvues à l’origine d’enterrements formels. Concernant la nécropole de Jaulnes (cf. supra), R. Peake et V. Delattre (2010 ; 2013) proposent une fonction non-funéraire pour les enclos sans sépulture avérée et aménagés avec des cercles de poteaux, réservés selon ces auteurs aux rites et commémorations. Or, la fonction principale d’un monument est par définition commémorative, ce qui est envisageable en absence de tombe formelle. Ainsi, un monument sans tombe n’est pas pour autant catégoriquement différent des autres monuments funéraires, auxquels il s’apparente par son rôle commémoratif. En effet, les enclos à poteaux de Jaulnes sont incorporés dans la nécropole déjà mise en place et reprennent entièrement le code architectural des monuments funéraires.

Pour la période de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer, la majorité écrasante des monuments fossoyés de l’interfluve Seine-Yonne est de forme circulaire (plus de 90 % : Tableau 1). La présence de formes spécifiques, notamment des enclos allongés de type Langgraben, reste exceptionnelle et ne change pas sensiblement ce décompte (Gouge et al. 1994, 100 ; Piette, Mordant 2020). Le meilleur indice pour la datation des enclos funéraires est sans doute fourni par la sépulture centrale car, en principe, le monument fossoyé commémore l’ensevelissement d’un défunt notable.[1] Or, ce type d’association n’a pu être observé ici que sur une cinquantaine d’enclos fouillés, soit environ 10 % du corpus. Il faut ainsi faire appel à d’autres indices, quoique moins fiables, pour cerner les tendances chronologiques. Il s’agit notamment des tombes positionnées de manière excentrée, à l’intérieur de la structure ou à proximité immédiate (à quelques mètres de l’enclos). La plupart de ces tombes ont dû être installées postérieurement aux enclos les accueillant, parfois même des siècles plus tard (par ex. à Jaulnes, cf. supra). Enfin, en l’absence d’autres indices, le mobilier piégé dans le remplissage des fossés a également été pris en compte. Ces derniers témoins, à savoir les tombes adventices et le mobilier détritique, peuvent être issus de longues périodes d’utilisation et marquer au mieux des termini ante quem. En prenant en compte les structures ainsi datées, il semblerait que les enclos funéraires circulaires apparaissent dès le Néolithique (Saint-Julien-du-Sault « Les Sablons » : Augereau et Meunier 2017 ; Marolles-sur-Seine « Gours aux Lions » : Masset et al. 1967). Ceci-dit, les indices de datation de ces enclos restent ténus. La vaste majorité des enclos de notre corpus et plus particulièrement 80 % des formes circulaires ont été établis entre le Bronze final et le début du premier âge du Fer, soit entre le XIVe et le VIIe siècle (Mordant 1983 ; Roscio, Muller 2012 ; Rottier, Piette 2012 ; Peake et al. 2017). Les formes circulaires des enclos continuent ensuite à être utilisées pendant le premier âge du Fer, mais leurs effectifs restent assez faibles dans la zone d’étude, pour disparaitre ou presque au cours du deuxième âge du Fer (Ve – Ier s. av. n. è.). Quant aux formes quadrangulaires, les enclos de ce type sont caractéristiques du premier âge du Fer évolué et du deuxième âge du Fer, bien que leur apparition puisse être remontée au Bronze final, par exemple à Marigny-le-Châtel « Le Pont de Riom » (Filipiak et al. 2017).

 Enclos circulairesEnclos quadrangulairesTumulusEnclos autres
Néolithique (5200 – 2200)3 (?)  (non renseigné)
Br. ancien-moyen (2200 – 1350)12  Enclos ovales : 4
Br. final – Ha ancien (1350 – 650)10132Langgraben : 3
Ier âge du Fer (650 – 450)1051aucun
Datation imprécise26073(non renseigné)
Total377156 

Tableau 1. Les datations des monuments funéraires du corpus de données.

D’après ce que l’on sait des traditions funéraires protohistoriques partagées sur tout le continent européen, une bonne part des enclos circulaires a dû circonscrire des tertres funéraires, construits avec les matériaux excavés.[2] Néanmoins, la construction d’un tumulus ne semble pas avoir été une obligation ; pour la nécropole de Jaulnes, les fouilleurs envisagent un espace libre au sein des cercles des poteaux (Delattre, Peake 2013). La palissade a également été un élément architectural relativement récurrent. Les poteaux ont pu être plantés dans le fossé circulaire, ce qui peut être déduit des observations des profils transversaux « en doit de gant », documentées sur certaines structures. Plus rarement les poteaux se trouvent à l’extérieur de l’aire ceinte, à proximité immédiate du fossé (par ex. enclos 2 à Soucy « Mocques Bouteilles » : Baray et al. 1994, 88 ; voir aussi figure 1). Pour les agencements de poteaux plutôt espacés, il n’est pas clair qu’ils représentent ou non une barrière physique, de type palissade, ou plutôt symbolique, marquant un espace clos.

Il est tentant d’approcher les enclos funéraires par la typologique, de les classer en fonction de divers éléments architecturaux (fossés, palissade, etc.), ou tout simplement par leur taille (Rottier, Piette 2012). Mais il faut aussi se demander quel est le rapport entre l’objet archéologique, documenté sur le terrain, et l’objet d’origine. Revenons sur la pratique de la reprise d’anciens enclos circulaires, comme par exemple dans la nécropole de Jaulnes (cf. supra). Si le relevé archéologique nous présente un fossé double, ce n’est pas parce que le monument a été conçu ainsi par ses premiers bâtisseurs. Le deuxième fossé a été installé des siècles plus tard quand le fossé initial devait avoir été bien comblé par l’action naturelle de l’érosion et du colluvionnement. C’est-à-dire qu’il faudrait plutôt considérer une succession d’enclos simples. Ce problème est encore plus pertinent pour les tertres hallstattiens, dont les fouilles attentives ont pu mettre en évidence des évolutions complexes, souvent dans le sens d’un agrandissement progressif (Delor et al. 1999 ; Piningre 1996 ; Dubuis et al. 2015). Il va donc falloir se défaire de l’approche typologique pour aborder ces structures incrémentées, comme on le verra par la suite.

Analyse des diamètres

Le diamètre des enclos circulaires se présente comme une variable particulièrement intéressante pour l’étude de leurs biographies. D’une part, les élargissements postérieurs peuvent laisser une signature métrique repérable par une analyse quantitative, à condition d’être suffisamment nombreux et réguliers. D’autre part, cette mesure est enregistrée ou déduite d’après la documentation archéologique pour presque toutes les structures, ce qui permet d’assurer une quantification robuste. En effet, grâce à plus d’un demi-siècle de fouilles préventives dans l’interfluve Seine-Yonne, nous avons pu rassembler 376 enclos circulaires pour l’analyse statistique. Les nécropoles concernées sont situées presque exclusivement dans les vallées alluviales, zones particulièrement suivies par l’archéologie préventive. Précédemment, l’analyse quantitative des enclos circulaires de l’interfluve Seine-Yonne a tenté de nombreux archéologues, mais uniquement dans l’optique classificatoire et à partir d’échantillons moins importants (Mordant 1983 ; Piette 1999 ; Baray 2000 ; Rottier, Piette 2012 ; Roscio, Muller 2012).

Notre analyse quantitative porte sur le diamètre externe du fossé circulaire, enregistré pour la plupart des enclos fouillés (362 individus). Pour les enclos doubles ou multiples, seule l’enceinte externe a été prise en compte. Remarquons que le substrat meuble des fonds de vallée nécessite une inclinaison des parois des fossés, afin d’éviter leur effondrement. Ainsi, la largeur des fossés diminue avec la profondeur, ce qui implique une sous-estimation des largeurs pour les structures fortement arasées. En théorie, le fond du fossé pourrait être un marqueur plus fiable du diamètre originel, mais celui-ci est souvent difficile à déterminer avec précision, notamment pour les structures évasées et/ou peu profondes. Par conséquent, cette information figure rarement dans les rapports de fouille.

Quoi qu’il en soit, il est inutile d’insister sur l’exactitude de la méthode ou la précision des mesures ; les irrégularités de plans documentés indiquent clairement que les bâtisseurs protohistoriques ne cherchaient pas la conformité à un plan rigide, géométrique. Il faut plutôt se fier à la taille de l’échantillon, à savoir la quantité des enclos mesurés, ce qui nous permet d’assurer la robustesse statistique.

Les tendances générales dans le dimensionnement des enclos peuvent être observées sur un histogramme fait avec un intervalle de 2 m (figure 3). Les distributions statistiques utilisant des intervalles plus restreints, par exemple 1 m, sont sujettes au bruit statistique et pour cette raison ne sont pas présentées ici. Nous observons d’abord qu’une vaste majorité des structures varie de manière très lâche autour du mode (valeur la plus récurrente) situé dans l’intervalle de 10 à 12 m. Remarquons aussi que les enclos doubles ou multiples, c’est-à-dire dotés de plusieurs fossés concentriques, se distinguent par des dimensions plus larges, entre 12 et 22 m. Ils semblent contribuer au léger ressaut observé dans la distribution des tailles d’enclos autour de l’intervalle 16-18 mètres. Enfin, un petit groupe d’enclos se distingue par des diamètres qui dépassent 22 m.

Figure 3. Histogramme des diamètres des enclos circulaires simples et doubles (N = 362).

Au sujet des tendances évolutives dans l’utilisation et l’aménagement des enclos, l’effet des enclos doubles sur la statistique est particulièrement intéressant. Ils semblent perturber la tendance statistique autrement assez classique, à savoir la variabilité aléatoire autour d’une moyenne (loi normale). Plus spécifiquement, la moyenne globale pour les enclos simples se situe à 13 mètres, tandis que celle pour les enclos doubles s’élève à près de 19 mètres, en accord avec l’inversion la tendance décroissante entre 16 et 18 mètres (Tableau 2). Cette situation peut être envisagée pour les interventions a posteriori, introduites dans une population statistique dont la distribution suit, peu ou prou, la loi normale manifestée par la courbe en cloche. Autrement dit, le phénomène d’agrandissement ultérieur d’un certain nombre des structures peut être une explication de cette distribution statistique. Or, d’autres mécanismes ont également pu produire une signature statistique similaire, notamment le changement de tradition architecturale dans le temps, ou bien dans l’espace, d’une zone à l’autre. Essayons donc d’examiner ces différents scénarios, pour choisir le plus convaincant.

 MoyenneÉcart typeN
Enclos doubles 18,75,420
Enclos simples 13,04,8342

Tableau 2. Résumé statistique des gabarits des enclos circulaires simples et doubles.

Pour l’analyse chronologique, l’échantillon est réduit à un tiers (123 enclos simples et 8 doubles), faute d’indices de datation pour la plupart des structures (figure 4). Parmi les cinq étapes prises en compte, les trois du Bronze final n’affichent pas d’évolutions significatives (compte tenu de la faiblesse des effectifs), avec une prépondérance des structures entre 10 et 15 m. Les enclos doubles ou multiples sont exclus de l’analyse car résultant souvent d’aménagements successifs et espacés dans le temps. Ainsi, partant de notre corpus, il faut conclure qu’aucune évolution dans le dimensionnement des monuments n’est détectable au sein du Bronze final. Avec seulement 7 individus, l’âge du Fer est insuffisamment représenté pour un aperçu statistique. Rappelons que l’existence de monuments funéraires de très grande taille, au-delà de 30 m, est bien avérée pour le premier âge du Fer entre la Champagne et la Bourgogne (Villes 1999 ; Baray 2000), mais ce phénomène, s’il a touché notre zone d’étude, ne semble pas avoir concerné un nombre élevé de structures. Quant aux périodes plus anciennes, Bronze ancien et moyen, la différence dans la répartition des classes de taille est assez spécifique et doit être prise en compte malgré la faiblesse de l’échantillon. La distribution statistique est étirée entre les structures de très petite taille, prépondérantes, et quelques enclos de très grande taille. En effet, plusieurs traditions peuvent être décelées pour cette longue période, avec des nécropoles composées de très petits enclos (par exemple à Mouy-sur-Seine « Le Grand Gué » : Ameye et al. 2016), ainsi que l’apparition d’enclos très larges (par exemple E 31 de la nécropole de Marolles-sur-Seine « La Croix de la Mission » : Peake et al. 1999). Malheureusement, les effectifs des structurées datées de cette période sont trop faibles pour vérifier leur lien éventuel avec le petit groupe d’enclos à diamètre entre 20 et 30 m (voir figure 3).

Quoi qu’il en soit, il faut constater une source d’hétérogénéité dans notre statistique, à savoir l’apport des traditions des Bronze ancien et moyen, différentes de celle, dominante, du Bronze final. Sont concernés plus spécifiquement les contingents de petites structures, ainsi qu’un faible nombre de très grands enclos. Néanmoins, ce phénomène ne semble pas invalider les observations faites sur les enclos de taille moyenne, entre 10 et 20 m, très nombreux au Bronze final.

Figure 4. Analyse chronologique des enclos circulaires simples (N = 123).

La dimension spatiale du phénomène de monumentalisation funéraire est particulièrement intéressante : y avait-il des zones privilégiées qui accueillaient des monuments funéraires plus larges ? Pour aborder cette question, l’espace de l’interfluve Seine-Yonne a été découpé par un maillage arbitraire, en neuf zones larges (A à I, figure 5, en haut), ainsi que par un maillage régulier plus fin, en hexagones trois km de large (figure 5, en bas). Afin de permettre une meilleure lecture, les gabarits des enclos funéraires ont été classés entre petits (12 m ou moins), intermédiaires (12 à 14 m) et larges (plus de 14 m). Seuls les enclos simples sont pris en compte. Deux zones privilégiées apparaissent nettement, signalées par les mailles coloriées en rouge où la taille moyenne des structures dépasse 14 mètres (figure 5, en bas). On y repère les zones de confluence des rivières, Yonne-Seine à l’ouest et Aube-Seine au nord-est. Les analyses spatiales effectuées par C. Mordant et P. Gouge (1992), basées sur le mobilier funéraire, ont pu mettre en évidence des pôles politiques et économiques dans ces mêmes zones de confluents. Notre analyse spatiale s’insère parfaitement dans ce modèle, ce qui indique entre autres un lien entre la taille du monument et l’expression du statut social du défunt. Par conséquent, ces zones privilégiées seront écartées de l’analyse (zones A et E sur la figure 5, en haut), pour mettre en lumière les tendances dans le dimensionnement des enclos situés dans les zones plutôt ordinaires.

Figure 5. Variabilité spatiale des diamètres des enclos circulaires simples (N = 342).

Contrairement à ce qu’on pouvait attendre, une fois éliminées les zones privilégiées, le ressaut de la statistique dans l’intervalle de 16 à 18 m apparaît de manière encore plus nette (figure 6). Les enclos doubles continuent à contribuer de la même manière, mais le ressaut subsisterait même sans leur apport. Théoriquement, le contingent des enclos simples pourrait dissimuler un faible nombre d’enclos agrandis, mais dont un seul fossé a pu être documenté lors de la fouille. En tout cas, cette analyse ciblée indique que l’irrégularité statistique ne relève pas d’intrusion de quelques nécropoles particulièrement distinguées, il s’agit au contraire d’une tendance authentique globale, pertinente pour l’ensemble de la zone d’étude. Nous pouvons donc proposer que l’agrandissement des structures par l’installation de fossés concentriques ait été suffisamment récurrent pour laisser une signature statistique sur l’ensemble de l’interfluve Seine-Yonne.

Figure 6. Analyse statistique des gabarits des enclos circulaires en dehors des zones privilégiées des confluences (N = 239).

Selon quel critère opérait cette pratique ? Une première possibilité serait un choix conscient des structures d’une taille précise à agrandir, pour aboutir à des enclos doubles de la taille de 18 m. Néanmoins, vu le manque général de précision chez les bâtisseurs protohistoriques et la distribution très lâche des gabarits des enclos funéraires, une telle stratégie est peu vraisemblable. En réalité, l’apparition des pics statistiques supplémentaires est possible par superposition de deux processus stochastiques (aléatoires). Comment ? Observons le résultat d’une expérience mathématique (figure 7). Nous avons généré une distribution aléatoire gaussienne qui représentera nos enclos funéraires simples. Ensuite les valeurs d’un tiers de la population, choisi au hasard, ont été augmentées par 5, simulant ainsi l’effet d’agrandissement des structures funéraires. On observe l’apparition d’un ressaut avec un éventuel deuxième pic (chaque expérience donne une statistique légèrement différente). Avec une augmentation plus importante, la population se serait scindée en deux, avec la moyenne du deuxième groupe écartée de la moyenne initiale par la valeur de l’augmentation.

Figure 7. Simulation d’un mécanisme stochastique d’évolution des gabarits des monuments fossoyés. Ici, un tiers d’une population stochastique (en orange) a été augmenté par 5, donnant une nouvelle population (en bleu transparent).

Cette expérience théorique ne représente pas le modèle explicatif, son but est surtout de nous débarrasser du paradigme métrologique – ou simplement typologique – où l’observation archéologique, notamment la forme et la dimension de l’objet, implique un code culturel spécifique. Or, les configurations potentiellement significatives (patterns) dans la culture matérielle peuvent aussi bien relever de processus entièrement inaperçus ou non-recherchés par les acteurs historiques. Aucun module culturellement prédéfini n’est nécessaire, ni pour la convergence des dimensions autour d’une moyenne, ni pour l’apparition des ensembles à dimensions spécifiques. Parlant des processus inaperçus, rappelons que la stochasticité mathématique ne doit pas être confondue avec les mécanismes sociaux sous-jacents. L’envergure du monument funéraire est vraisemblablement liée au statut social du défunt, ce qui est dans notre cas indiqué par la concentration des monuments larges dans les zones caractérisées par la richesse du mobilier funéraire (voir aussi Baray 2000). En effet, un choix conscient du gabarit du monument a dû être opéré au moment des funérailles, annonçant ainsi la quantité de travail à effectuer. Or, ce choix a pu être effectué sans prise de mesure précise, par exemple en comptant un nombre approximatif de pas – démarche qui typiquement laisse une signature stochastique. De même pour les agrandissements des structures par l’installation du fossé double. Même sans aucune préférence quant au choix de la structure à agrandir, une perturbation de la distribution initiale des gabarits deviendra visible à condition que l’intervention soit suffisamment récurrente. Dans notre cas, les enclos doubles affichent en effet une distribution très lâche, pour la plupart entre 12 et 22 m, signalant que seules les structures de petite taille (en dessous de 10 m) ont été exclues.

En résumé, l’analyse statistique indique la pertinence d’un modèle évolutif pour la compréhension de l’architecture funéraire protohistorique, en l’occurrence l’apport d’une pratique d’agrandissement des structures déjà mises en place. Remarquons que ce modèle n’exige pas l’existence d’une norme culturelle pour l’envergure souhaitée, aussi bien des structures résultantes, que des structures choisies pour l’agrandissement. Certes, des choix spécifiques ont été effectués ici et là par les bâtisseurs protohistoriques, mais sans changer sensiblement le principe de fond, dépourvu d’une systématicité. À nos yeux, ce modèle se présente comme plus sobre qu’une supposée métrologie protohistorique.

Quelle ampleur peut-on proposer pour le phénomène ? Il faut d’abord prendre en compte plusieurs catégories d’incertitude dans la documentation archéologique. Les structures sont souvent irrégulières et même un diamètre moyen n’est pas une évidence ; la profondeur de décapage tend à diminuer l’estimation du diamètre l’origine ; certains enclos simples peuvent en réalité marquer des enclos doubles dont un seul fossé a été observé. En effet, le pic secondaire dans la statistique établie pour les zones non-privilégiées (figure 7) subsisterait même sans apport des enclos doubles avérés, ce qui peut indiquer la présence des structures dont la multiplication des fossés n’a pas été détectée. Compte tenu de toutes ces incertitudes, nous pouvons seulement proposer une estimation grossière entre 10 % et 15 % d’enclos agrandis, y compris l’apport de 5,3 % d’enclos doubles avérés.

Discussion

Le monument funéraire protohistorique se présente comme un objet évolutif, son rôle est d’accompagner le processus commémoratif et de subvenir aux divers besoins symboliques et organisationnels. Il s’agit notamment d’aménager un espace de rassemblement, ainsi que de marquer l’identité et le statut du/des défunts. Or, s’il y a un trait universel du processus commémoratif, c’est bien sa nature évolutive, commençant par les funérailles et le deuil, pour se poursuivre dans le temps à travers des commémorations de plus en plus espacées, jusqu’à l’oubli final.

Une étude minutieuse des tombes du Bronze final de l’interfluve Seine-Yonne par S. Rottier (2009) a pu mettre en évidence cette temporalité des pratiques mémorielles. À l’instar de quelques autres régions européennes, les squelettes contenus dans les tombes du Bronze final peuvent être incomplets, ce qui est traditionnellement interprété comme résultat de « violations » postérieures (par exemple à Gemeinlebarn, Autriche : Neugebauer 1991). Or, l’approche systématique et quantitative de S. Rottier a fourni la preuve d’un prélèvement successif des ossements des défunts. Le processus commence par la récupération des ossements longs et du crâne, pour progresser dans un deuxième temps vers les ossements moins volumineux ; il peut s’achever par prélèvement complet des ossements et, parfois, la récupération de la tombe pour un nouvel enterrement. Ainsi, le degré de complétude des squelettes du Bronze final relève en réalité de l’étape d’abandon des prélèvements.

Quant aux enclos funéraires, l’agrandissement d’un fossé concentrique doit être rapproché de la pratique de réhabilitation de monument par recreusement du fossé existant. Un excellent exemple de cette pratique a été publié par C. et D. Mordant (1970a) pour une structure de la nécropole de Gravon « La Queue de la Poële » (figure 8). Pas moins de quatre recreusements successifs ont pu être mis en évidence, mais sans qu’ils cherchent à agrandir sensiblement la structure. Au moment de chaque reprise le fossé existant avait déjà été bien comblé, ce qui indiquerait que le but recherché était d’empêcher le délabrement excessif de la structure. Parfois nous rencontrons des cas intermédiaires entre le recreusement de l’ancien et l’installation d’un nouveau fossé, comme par exemple à Châtenay-sur-Seine « Les Pâtures » (figure 8). Dans ce cas le nouveau fossé est légèrement plus large et empiète sur l’ancien. Ailleurs, des séquences très complexes ont été proposées, comme par exemple les cinq fossés successifs repérés lors de la fouille d’un enclos circulaire de Gurgy « La Traine » (Yonne), daté par la tombe centrale au Bronze final IIIb (Delor 2005).

Figure 8. Enclos 2 de la nécropole de Gravon « La Queue de Poële », recreusé à quatre reprises (à gauche : Mordant, Mordant 1970a, fig. 1). Enclos 21 de la nécropole de Châtenay-sur-Seine « Les Pâtures » (à droite : Gouge et al. 1994, p. 53). Le nouveau fossé de cet enclos empiète sur l’ancien, moins large.

Ceci dit, la multiplication des fossés a pu être produite par d’autres mécanismes que l’agrandissement successif. Théoriquement, le nouveau fossé pouvait être installé à l’intérieur de l’ancien, diminuant l’aire ceinte, comme le propose J.-P. Delor (2005) pour l’enclos de Gurgy « La Traine ». Enfin, certains enclos ont pu être construits avec les fossés multiples dès l’origine ; dans l’interfluve Seine-Yonne, c’est potentiellement le cas de l’enclos double de Varennes-sur-Seine « Le Marais du Pont » (figure 9, à gauche). Utilisée entre le Bronze ancien et moyen, la structure présente des fossés à la fois étroits et bien écartés, et de manière générale semble apparentée aux enclos multiples des régions septentrionales, des rives de la Manche (figure 9, à droite).

Figure 9. Enclos multiples de Varennes-sur-Seine « Le Marais du Pont » (à gauche ; Gouge et al. 1994, 182) et Fréthun, Pas-de-Calais (à droite ; Bostyn et al. 1992a, fig. 7).

Ainsi, un degré d’incertitude doit être pris en compte lors de l’interprétation des enclos multiples, surtout à cause du manque général de rapports stratigraphiques entre les creusements. Or, l’examen de la documentation archéologique de l’interfluve Seine-Yonne permet tout de même d’estimer que le mécanisme le plus récurrent de leur mise en place était celui d’un élargissement du monument primitif. Ce modèle semble particulièrement pertinent pour le Bronze final et le premier âge du Fer, époque qui a d’ailleurs vu de nombreux rehaussements de tertres funéraires (Piningre 1996 ; Delor, Rolley 1999 ; Baray 2000).

Ce souci de récurer ou refaire le fossé concentrique introduit la question de la pérennité des monuments funéraires. En effet, leurs fossés se comblent au fur et à mesure par l’effet conjugué de l’érosion naturelle et de l’utilisation anthropique. De manière générale, les fossés des monuments protohistoriques du Bassin parisien affichent deux types de comblement. Le premier survient rapidement, par érosion des parois du fossé et des structures à proximité (par ex. le tertre funéraire). Dans des cas rares, des dépôts d’objets ont pu être trouvés au fond du creusement, signalant de toute vraisemblance des actes symboliques délibérés (Barbuise « Les Grèves de Villeneuve » : Piette 1971 ; Piette, Mordant 2020 ; Jaulnes « Le Bas des Hauts Champs » : Delattre, Peake 2013). Ce comblement rapide est le plus souvent recouvert par un comblement graduel, caractérisé par une teneur plus importante de matière organique et par la présence récurrente de mobilier détritique, à savoir des ossements, des tessons de poterie ou des éclats d’outillage lithique. Auparavant, l’on songeait à un éventuel apport de la terre de l’habitat (Villes 1974 ; Chertier 1976), mais en réalité il devrait plutôt s’agir des témoins des activités qui accompagnaient la pratique commémorative. Parfois, la présence d’ossements laisse supposer la consommation de viande (Mordant, Mordant 1977 ; Bostyn et al. 1992b). Dans les enclos funéraires du littoral de la Manche, datés pour la plupart entre le Bronze ancien et le Bronze final, des restes de débitage et d’outillage en silex dans les comblements des fossés témoignent de la fréquentation des monuments funéraires pendant un temps relativement important, mais encore mal précisé (Buchez et al. 2017). La présence de ces traces détritiques, souvent d’allure domestique, s’accommode parfaitement du modèle évolutif où le monument fait l’objet de recueillements périodiques ou épisodiques, suite aux funérailles proprement dites.

Le tertre funéraire a dû être très courant dans les monuments funéraires fossoyés, bien qu’il ne semble pas avoir été indispensable, comme déjà évoqué plus haut. Son existence a même pu être gênante pour l’aménagement d’un espace de rassemblement, comme le remarquent R. Peake et V. Delattre (2013) pour les enclos aux poteaux de Jaulnes. Or, dans un modèle évolutif, le tertre peut être envisagé comme une étape tardive dans la séquence architecturale. Ainsi, J. Last (2007) suggère que le tertre funéraire représente la « clôture » de la phase d’utilisation régulière de la structure funéraire, pour en faire un monument dans le paysage. En effet, l’accès aux tombes pour le prélèvement des ossements, pratiqué ponctuellement au Bronze final (cf. supra), devrait être entravé par une telle construction. Ceci dit, la question de la taille et des formes des tertres funéraires reste entièrement ouverte pour l’interfluve Seine-Yonne. Une structure exceptionnellement conservée sous la masse du grand tumulus hallstattien de Lavau donne en effet un rare aperçu de tout ce qui nous échappe encore des éléments en élévation (Dubuis 2017). L’amas de terre sur une sépulture du Bronze final s’y présente comme une plateforme basse, d’un ou de deux mètres d’élévation, de forme rectangulaire et bordée de poteaux. Cette solution architecturale ne semble pas entraver la fréquentation de l’intérieur de la structure. Une autre solution a été proposée pour l’enclos 7 de la nécropole de Soucy « Mocques Bouteilles », à savoir un cordon de terre disposé entre les deux fossés de cet enclos double (Baray et al. 1994, p. 92). Quoi qu’il en soit, le matériau excavé lors du creusement des fossés a dû être déposé au sein de la structure funéraire ou à proximité immédiate. Les éléments surélevés constitués par ce déblai ont très vraisemblablement équipé les monuments funéraires, mais rien n’oblige que leur forme épouse celle d’un tumulus bien rehaussé. Afin d’alléger le propos, les autres éléments architecturaux et sépulcraux des enclos funéraires ne seront pas discutés ici (palissades, murets en pierre, entrées, tombes adventices, etc.) : cette contribution vise surtout à poser les premiers jalons pour la définition d’un modèle évolutif des monuments funéraires. Par ailleurs, nous pouvons espérer que la multiplication des recherches géologiques et micromorphologiques fournisse, dans un futur proche, des renseignements bien plus précis sur les utilisations et les aménagements des structures funéraires (Buchez et al. 2017).

Le devenir des monuments funéraires s’insère donc dans un processus commémoratif de longue durée, dont l’implantation du fossé concentrique constitue sans doute le commencement (figure 10). En principe, le monument marque le lieu d’enterrement, mais il peut également être érigé en absence de défunt ou défunte. Rappelons que cette circonstance n’empêche en rien que la structure subvienne à la fonction commémorative (cf. supra). Ensuite, le monument est utilisé pendant un temps plus ou moins long, parfois accueillant des enterrements ultérieurs. La question de l’insertion ou de l’absence du tertre funéraire n’a pas pu être traitée en détail ici. Les indices permettant la restitution de cet élément architectural sont très difficiles à lire, surtout sans étude sédimentologique, et aucune conclusion ne peut être tirée pour la vaste majorité des structures. Soulignons seulement que le tumulus n’est qu’une des diverses solutions possibles pour la gestion du déblai du creusement (bourrelets, plateformes basses, etc.). L’hypothèse d’un ajout tardif des tertres dans la séquence d’utilisation a également été évoquée, mais reste toujours à confirmer (Last 2007). Quoi qu’il en soit, au bout d’un certain temps, la plupart des structures a dû être abandonnée. D’autres ont pu éventuellement continuer à recevoir des enterrements sans subir d’aménagement archéologiquement détectable. Une minorité des structures, néanmoins, est devenue inadéquate pour les besoins ou envies des commémorants. Elles ont ainsi subi des réaménagements importants, notamment le recreusement du fossé circulaire, bien visible archéologiquement. Ce geste qui pouvait résulter en un agrandissement du monument marque le retour au geste initial et, de cette manière, réinitialise la séquence d’utilisation. Dans la mesure où cette intervention survient après le comblement des fossés existants, nous devrions l’envisager dans une étape bien avancée de la séquence d’utilisation. Il va sans dire que notre schéma cyclique est une abstraction heuristique et non la reconstruction d’un enchaînement codifié (figure 10). Or, de tels enchaînements ont sûrement existé, structurant dans les monuments funéraires les mémoires des lignées pendant des décennies ou des siècles. Le schéma cyclique nous permet d’introduire le principe selon lequel les monuments funéraires restaient ouverts pour des interventions postérieures, c’est-à-dire pour accompagner le processus mémoriel au présent et dans le futur.

Figure 10. Schéma du cycle d’utilisation des monuments funéraires.

Plus généralement, la perspective évolutive, processuelle (dans le sens de Gosden et Malafouris 2015), se montre particulièrement pertinente pour la compréhension de la monumentalité pré- et protohistorique. Richard Bradley (1991 ; 2002) a développé toute une série de modèles processuels archéologiques. S’inspirant de l’article sur les monuments mégalithiques britanniques par M. Parker Pearson et Ramilisonina (1998), il envisage une séquence architecturale codifiée pour les monuments mégalithiques de type henge (Bradley 2002, p. 89). Selon cette hypothèse, on commençait à bâtir en bois pour passer à la pierre bien plus tard, afin de pérenniser la structure (ou le lieu) qui a fait preuve de sa valeur symbolique. C’est-à-dire que l’évolution des monuments a pu être anticipée par les bâtisseurs au moment de l’installation, et que le but recherché n’était pas seulement de construire, mais aussi ou davantage d’initier un processus à accomplir dans le futur. Un modèle explicatif plus simple a été proposé par Martin Furholt (2012) pour les monuments néolithiques de la zone baltique. Reprenant la forme allongée caractéristique des tumulus néolithiques, ces grands cairns ont été construits par dizaines de milliers dans les régions bordant la mer Baltique. Très souvent, leurs vestiges affichent de nombreux ajouts et interventions architecturales, ce qui amène M. Furholt à proposer que le travail sur les monuments fît partie intégrante du processus commémoratif. Les monuments ne pouvaient être achevés mais seulement abandonnés ; leur densité s’expliquerait ainsi par le besoin continu d’ouverture de nouveaux « chantiers commémoratifs ».

Le modèle évolutif offre un cadre interprétatif pertinent pour les enclos funéraires protohistoriques pour lesquels nous avons pu mettre en évidence les traces d’utilisation prolongée et surtout de réaménagements par des fossés secondaires. Néanmoins, ce modèle ne semble pas compatible avec l’ensemble des interventions documentées sur ces structures. Les reprises des monuments après un temps très long, possiblement quelques siècles pour l’enterrement du premier âge du Fer dans notre premier exemple de Jaulnes, laissent plutôt penser à un comportement de réappropriation des structures dont la signification mémorielle avait fortement diminué. Un cas encore plus clair de cette attitude opportuniste peut être trouvé dans le tertre princier de Lavau, situé dans la vallée de la Seine, au sud de notre zone d’étude (Dubuis 2017). Le grand tumulus du Ve s. av. n. è. couvrait toute une série de monuments antérieurs, dont le plus ancien remonte au début du Bronze final (XIIIe – XIIe s. av. n. è.). Six ou sept siècles se sont écoulés entre la construction du monument du Bronze final et sa reprise, avec une nécropole qui se développe à ses abords à partir du VIIe s. av. n. è. Cette recherche du passé au moment de l’émergence des lignées aristocratiques hallstattiennes est un sujet qui mériterait une discussion approfondie, soulignons ici simplement que les réaménagements des monuments entre le Bronze final et le premier âge du Fer répondaient à un besoin de continuité, réelle ou fabriquée, vraisemblablement pour faire valoir une ascendance ancestrale. Les deux mécanismes, l’entretien en continu et l’appropriation d’un monument abandonné, se rejoignent ainsi dans une même quête d’historicité ancestrale. Remarquons aussi qu’il convient de dissocier la continuité d’utilisation d’un monument funéraire de la continuité sociale et mémorielle : rien ne garantit qu’un même groupe de commémorants, rassemblé autour d’un même récit mémoriel, soit responsable de l’ensemble des transformations d’un monument funéraire. L’ouverture à de futures interventions architecturales s’accompagne d’une ouverture de signification.

Conclusion

Cette étude sur l’architecture funéraire protohistorique s’engage simultanément sur deux voies. En premier lieu il s’agit de proposer un modèle évolutif, particulièrement utile pour la compréhension de son fonctionnement. En deuxième lieu et de manière plus théorique, il s’agit de remettre en question le paradigme classificatoire dans l’étude archéologique des pratiques de mémoire.

Soulignons d’abord que l’architecture funéraire ne peut être un but en soi mais seulement un appui aux pratiques de mémoire, d’autant plus utile pour une société orale. Certes, un monument funéraire est une construction fortement signifiante, mais sa fonction ne se résume pas à son contenu sémantique. Si l’on s’attache à l’adage de l’archéologie funéraire que les morts ne s’enterrent pas eux-mêmes, ajoutons qu’ils ne se remémorent pas non plus leurs vies ! Un monument funéraire ne garde pas le souvenir à l’instar d’un objet d’archive, il appelle plutôt au maintien social de la mémoire. Autrement dit, son utilité se mesure par sa capacité à faciliter – ou à imposer – la pratique mémorielle.

Cette pratique est à la fois séquentielle et évolutive. D’une part il faut envisager une séquence de gestes et de rites culturellement définie, du moins en ce qui concerne les rites funéraires proprement dits, dont l’ensevelissement du défunt ou de la défunte (Hertz 1928). La phase de la mise en place d’un monument funéraire protohistorique pourrait s’inscrire dans ce schéma plutôt fixe. La phase de commémoration, par contre, est une tout autre chose. Qu’elle soit culturellement normée ou pas, cette étape concerne de longues années sujettes aux aléas du temps, le groupe des commémorants pouvant ainsi disparaitre, ou bien s’élargir. Qui plus est, en tant que processus à la fois culturel et naturel, la mémoire évolue inexorablement vers l’oubli et le tombeau vers l’abandon. Ainsi les besoins et les buts de la pratique commémorative évoluent dans le temps, avec des répercussions immédiates sur l’aménagement du monument funéraire. Les solutions architecturales choisies, en terre et bois, permettaient peut-être d’afficher le passage du temps, marqué par la dégradation de la structure. Ou bien, par le même principe, un monument entretenu aurait signalé la vigueur de la communauté des commémorants. Quoi qu’il en soit, le processus commémoratif pouvait être abandonné à tout moment, et par conséquent la présence ou l’absence de diverses interventions dans un monument ne relève pas nécessairement d’une intention ou d’un schéma culturel, mais tout simplement du vécu historique des commémorants.

Cette remarque plutôt simple porte tout de même une incidence particulière sur l’approche classificatoire habituelle en archéologie. Celle-ci repose généralement sur l’axiome d’objet fini, complet et fonctionnel, elle fixe son regard sur sa forme au moment de la sortie de l’atelier. Or, la forme n’est pas déterminante pour la fonction d’un monument commémoratif, du moins pas de la même manière que pour un pot en céramique ou une maison. Ce n’est pas parce qu’il manque le tertre funéraire, la palissade, ou le fossé qu’un monument funéraire protohistorique serait défaillant ; sa fonction s’inscrit dans la logique du processus commémoratif. Qui plus est, le constat archéologique est saisi sur l’état d’abandon de la structure et renseigne de ce fait le cumul des interventions échelonnées dans le temps. Or, nous venons de souligner que la mise en place de ces interventions relève seulement en partie d’un programme fixe, car elle est également impactée par la contingence historique des commémorants. Autrement dit, la présence ou l’absence d’éléments architecturaux ou d’interventions spécifiques (tertre funéraire, fossé secondaire, tombes adventices) n’indique pas nécessairement un principe évolutif diffèrent.

Ainsi l’objet évolutif, commémoratif dans notre cas, devient rapidement la victime collatérale du zèle typologique qui confond l’ontologie avec la classification. Un enclos double apparait ainsi comme catégoriquement différent d’un enclos simple, ce qui pose immédiatement les termes d’analyses et des discussions. Or, il faut envisager la possibilité de formes inachevées, incomplètes et appréhender d’une autre manière le désordre auquel elles participent. Prenons pour exemple la pratique de prélèvement des ossements des tombes du Bronze final, proposée par S. Rottier (cf. supra). La variabilité dans l’état de complétude des squelettes relève de la nature épisodique de la pratique de récupération des ossements. De même pour nos enclos funéraires, si une minorité seulement s’est vu élargir ou récurer le fossé, c’est possiblement à cause de l’éloignement de cette étape dans l’enchaînement des interventions. Pour mener l’étude dans cette direction, il a fallu s’appuyer sur une approche quantitative, statistique, qui ne découpe pas au préalable la continuité des variations. Nonobstant les interprétations proposées ci-dessus, il nous semble crucial de souligner que la classification n’est pas l’unique solution pour la recherche de l’ordre dans la culture matérielle.

Remerciements

Ce travail a largement bénéficié des discussions et des échanges avec Claude Mordant, Rebecca Peake et Mafalda Roscio, ainsi que de la relecture attentive de José Gomez de Soto. Toutes les erreurs éventuellement commises sont de mon fait.

Données

Les données sur les enclos protohistoriques de l’interfluve Seine-Yonne peuvent être consultées sur : https://github.com/zoran-cuckovic/Donnees-Seine-Yonne. La version utilisée pour l’analyse statistique est archivée sous DOI : 10.5281/zenodo.8123908.

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Piette, Mordant 2020 : PIETTE (J.), MORDANT (C.), Nécropoles du Bronze final dans le Nogentais. Barbuise, La Villeneuve-au-Châtelot, La Motte-Tilly, Nogent-sur-Seine (Aube). (Bulletin de la Société archéologique champenoise t. 112, fasc. 3, 2019), Société archéologique champenoise, Reims 2020.

Piningre 1996 : PININGRE (J.-F.) Nécropoles et société au premier âge du Fer : le tumulus de Courtesoult (Haute- Saône). (Documents d’archéologie française 54), Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris 1996.

Roscio, Muller 2012 : ROSCIO (M.), MULLER (F.), Les nécropoles de l’Yonne au Bronze Final : bilan critique des connaissances. In D. BERENGER, J. BOURGEOIS, M. TALON, S. WIRTH (dir.), Gräberlandschaften der Bronzezeit / Paysages funéraires de l’âge du Bronze, Philip von Zabern, Darmstadt 2012, p. 345–354.

Rottier 2009. ROTTIER (S.), Fonctionnement des tombes du début du Bronze final (XIVe – XIIe s. av. J.C.) dans le sud-est du Bassin parisien (France). Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris 21(1–2), 2009, p. 19–46.

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Villes 1974 : VILLES (A.), Les enclos de Juvigny (Marne) et le problème du remplissage des fossés des enclos funéraires protohistoriques en milieu alluvial. Bulletin de la Société archéologique champenoise, t. 67, fasc. 4, 1974: p. 25–57.

Villes 1999 : VILLES (A.), Entre principautés et chefferies, citadelles et fermes, le Hallstatt final en Champagne : données nouvelles. In A. VILLES et A. BATAILLE-MELKON (dir.), Fastes des Celtes entre Champagne et Bourgogne aux VIIe-IIIe siècles avant notre ère. Actes du Colloque de l’AFEAF, Troyes, 25-27 mai 1995. Mémoire de la Société archéologique champenoise 15, 1999, p. 11–92. Société archéologique champenoise, Reims 1999.

  1. Il ne s’agit pas ici d’une règle absolue, les sépultures centrales pouvaient être ajoutées ou remplacées des siècles après l’installation de l’enclos, comme on a pu le voir pour la nécropole de Jaulnes. Des exemples du deuxième âge du Fer sont également connus, par ex. à Gravon (enclos B : Mordant 1966).
  2. Des structures en forme de bourrelet de terre, à l’extérieur ou à l’intérieur du fossé circulaire, sont également connues, mais restent généralement rares (par ex. l’enclos E2 à Marolles-sur Seine « Gours aux Lions » : Mordant, Mordant 1970b ; l’enclos double E7 de Soucy « Mocque Bouteilles » avec un possible cordon de terre entre deux fossés circulaires : Baray et al. 1994, 92).

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